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Grasse matinée aujourd'hui. Nous n'avons pas "grand-chose" à faire en théorie : juste une cascade sur la route ce matin et kayak cet après-midi. Ce soir, nous serons logés à une trentaine de kilomètres. Donc, grasse mat'. Lever à 8.30.

Les jeunes Français sont beaucoup moins nombreux ce matin. Ils ont passé une bonne partie de la soirée à chanter en jouant de la guitare au rez-de-chaussée. Tant mieux, on se croyait en France, hier soir. Nous nous habillons et descendons pour le petit déjeuner. Je l'avais noté comme non inclus dans le prix de la chambre et pourtant en descendant pour utiliser la wifi, je remarque un beau buffet bien sympathique. Je me suis peut-être trompé après tout.

Olivier me rejoint et nous commençons à piocher allègrement à droite et à gauche : du jambon, du fromage, du pain alors que la jeune demoiselle à la réception vient nous voir en nous demandant si nous désirons prendre le petit déjeuner. Un peu, ouais, on s'est pas tapé la colo et leur chants de scouts pour sortir nos céréales achetées au Bonus du coin ! - Il faut payer alors, nous répond-elle.

Un blanc. Un malaise s'abat sur nos épaules et la mine grave, contrite, nous baissons les yeux et reposons nos assiettes à moitié garnies. Elle a l'air aussi gênée que nous. Surtout en nous disant combien il coûte. Avant, continue-t-elle, c'était deux fois moins cher, mais comme il y a de plus en plus de monde, ils ont augmenté les prix, mais elle comprend très bien que nous préférions manger nos petits dej persos. D'ailleurs d'autres clients le font et en tant que bonne auberge de jeunesse, il y a une cuisine et de la vaisselle à disposition.

C'est donc retour à nos céréales de chez Bonus. Nous sommes encore sous le coup des 93€ euros et en déficit budgétaire probablement, pas de folie.

Nous quittons finalement Bíldudalur après quelques photos dans les rues et installation de la GoPro ventousée sur le pare-brise du 4x4 pour "encore plus d'action dans le film du voyage". La route n'a pas l'air forcément très longue et pourtant le GPS nous indique 2 heures de trajet. Nous allons encore emprunter des routes non goudronnées...

 

 

 DYNJANDI

 

Quelques vertèbres tassées plus tard, après avoir longé le fjord jusqu'à son extrémité puis re-longé le même fjord de l'autre côté, et refait cette plaisanterie maintes fois, sur des chemins de montagne où les gravillons se font une joie de vous étoiler le pare-brise comme dans la pub et où il faut faire attention aux moutons qui pimentent leur vie en traversant juste devant les voitures, te regardant de cette mine à la fois fière et complètement débile, nous arrivons à la fameuse cascade Dynjandi.

 

 

Impressionnante chute d'eau de 100m de haut pour 30m de large perchée en haut d'une falaise, la Dynjandi attire beaucoup de monde. Le petit parking de terre est plein mais nous trouvons une place. Nous y restons une bonne heure malgré notre gros retard sur le planning. Nous avons à tester de nouveaux filtres (à densité neutre, pour les connaisseurs) pour faire de jolis effets sur les mouvements d'eau. Bref. Nous perdons encore beaucoup de temps. Tellement que nous mangeons finalement en route : nos biscottes Wasa, découvertes ici et qu'on adore, avec nos tranches de jambon, nos fromages au goût de rien (aujourd'hui, c'est "camembert") et nos pommes. Plus de tomates, il va falloir se ravitailler, ni de skyr, ce yaourt islandais assez crémeux qu'ils mangent avec différents fruits (banane, fraises, mûres et même noix de coco). Oui, ils font pousser des noix de coco ici. Incroyable, non?

Non, j'invente. Mais ils pourraient, s'ils le voulaient. Avec toutes les centrales géothermiques qui tournent sur cette île, la chaleur et les serres ne doivent pas leur coûter bien cher. Mais je digresse. Pas de skyr pour midi donc, ça sera pour plus tard.

 

KAYAK

 

 

Nous arrivons en définitive à Flateyri vers 15h et nous rendons directement à l'adresse que mon interlocuteur m'avait communiquée pour les kayaks. Le temps est très moyen, Pentax n'a pas trop envie d'aller taquiner le phoque et le canard arctique dans l'eau glaciale de ce fjord. Tiens, il pleuviotte. Ça n'arrange rien.

On y va? Me demande-t-il, la mort dans l'âme. Faire du kayak dans un fjord en Islande!!! Comment peut-on ne pas vouloir le faire!! De toute façon, nous sommes arrêtés devant une maison privée et une dame un peu ronde vient de sortir et nous regarde depuis le seuil.

"Hallo, vous êtes Siggi? Nous sommes les Français, on a échangé des mails pour faire du kayak. C'est toujours possible?

- Ah non, Siggi, c'est mon mari. Oui, je l'appelle, il va revenir. Vous voulez du café?"

Les Islandais boivent du café. C'est un euphémisme. Et ils mangent du poisson. Ça aussi, c'est un euphémisme.

Siggi revient, la bonne cinquantaine, chauve et des yeux bleus, comme tous les Islandais (pour les yeux). Il nous fait entrer chez lui. Grande maison, gros bordel partout, déco chargée et des photos des petits enfants sur les murs. Cette entreprise de kayaks m'a tout l'air de ne pas en être une... Nous sommes un peu interloqués. Nous passons ensuite dans son garage où c'est le même capharnaüm. Il nous tend des sur-vêtements en caoutchouc épais, bas et haut, nous fixons les derniers détails (combien de temps? 2h. Combien? 16000 couronnes - 120€). La GoPro filme tout ça bien sûr, on se croirait dans J'Irai dormir chez vous mais nous n'irons pas aussi loin que De Maximy en leur demandant l'hospitalité!

Nous montons dans la poubelle qui lui sert de voiture. Désolé, mais c'est vraiment ça (et pourtant, quiconque me connaît connaît l'état de ma voiture...), nous roulons 200 mètres et nous retrouvons au port où nous attendent les kayaks. On s'habille, Olive demande à revenir à la maison car il a oublié son bonnet, et une fois qu'ils sont partis, je me demande si je n'aurais pas dû repartir aussi car je ne porte qu'un tee-shirt sous le haut en caoutchouc qu'il m'a donné, en m'assurant que je n'aurai pas froid. Il a dû oublier que je n'étais pas islandais... (En fin de compte il avait raison : avec le gilet de sauvetage en plus, je n'ai pas eu froid.)

Cinq minutes plus tard, les voilà revenus et nous nous mettons à l'eau, non sans avoir enfilé nos jupes (qui referment l'espace entre les bords du kayak et nous), et s'être fait expliquer quelques manipulations et précautions d'usage, comment ne pas chavirer par exemple.

 

      

 

Nous partons pour deux heures incroyables, à tenter de rattraper les canards et leurs canetons, qui plongent sous l'eau pour refaire surface de longues minutes plus tard, très loin de nous, tandis que les mères cancanent tout ce qu'elles peuvent pour manifester leur mécontentement. Nous nous faisons survoler par des goélands en plein décollage, nous faisons (ou du moins moi) une ou deux frayeurs avec les pagaies, discutons avec Siggi, (quand il n'est pas au téléphone en plein milieu du fjord!), qui en fait était instituteur avant de perdre son emploi pour cause de réduction d'effectif : il y a 30 ans, Flateyri comptait 500 âmes. De nos jours, ils ne sont plus que 160 habitants, dont 16 enfants. Pas de quoi ouvrir 36 classes. Sans parler de l'avalanche de 96-97 qui a causé la mort de 20 personnes, dont des familles entières...

Il est manager d'une équipe dans l'usine de poisson du village maintenant. Il bosse dans la truite. Et les maisons dévastées par l'avalanche n'ont pour la plupart pas été reconstruites, ce qui laisse d'énorme trous glaçants de pelouse vierge dans les lotissements. L'avalanche est également la cause de ces immenses talus en forme de chevrons que l'on voit sur les contrefort de la montagne : ils servent à affaiblir la coulée de neige en créant des couloirs.

Le fjord que nous longeons fait entre 3 et 5 km de large, mais pas plus de 25m de profondeur en son centre. L'eau est étonnamment calme. C'est un vrai plaisir. De temps en temps, nous restons tous les trois immobiles, perdus dans nos pensées ou juste contemplatifs, nous laissant déporter par la marée descendante, au son des clapotis de nos pagais ou de l'eau qui file doucement le long de nos embarcations. Le vent nous laisse tranquille pour l'heure. Des fois, Siggi est un peu plus loin et je l'entends chanter quelque chose de mélancolique en islandais, peut-être une chanson de pêcheur, perdu en mer et qui pleure sa belle, le moment est inoubliable...

 

 

Le retour est un peu plus sportif car nous avons le vent de face et les vagues apparaissent. D'ailleurs, Siggi nous dit que ce mois de juillet est le pire depuis longtemps côté météo: même les bateaux ne peuvent pas quitter le fjord pour aller pêcher tellement la mer est déchaînée à l'extérieur. Le fjord, lui, est protégé.

Puis nous arrivons au port, rangeons les kayaks, moi sur une jambe car mon genou opéré me fait payer les deux heures passées jambes allongées et immobiles à simplement appuyer sur les pédales qui actionnent le gouvernail à l'arrière. Chez lui, dans son garage, Siggi nous offre un café et/ou du vin rouge "comme on est français", s'allume une clope et nous sort un filet de haddock séché de son placard dont il nous offre un morceau... A manger avec une noisette de beurre. Comment rester courtois...? Déjà qu'il vient juste de me donner un couteau de boucher qui traînait dans son évier dégueu pour remuer mon café car il n'a pas de cuillère dans son garage. Le renard arctique est le seul mammifère endémique de l'Islande. On n'en a pas encore vu. Mais on pourrait vite lui en vomir deux dans le coin du garage s'il ne range pas rapidement son haddock séché avec son beurre.

Finalement, j'en reprends deux fois. Devant tant d'engouement, il nous offre chacun notre haddock séché, pour la route...

Pour le paiement, la petite entreprise est bien rodée : il ne prend évidemment pas les cartes bancaires et nous n'avons pas touché ni vu la couleur d'un seul billet islandais depuis notre arrivée. Les Islandais payent absolument tout par carte. Il nous amène donc à la station service du coin et nous fait payer en bons d'essence. La caissière a l'air au courant, ce n'est pas la première fois qu'il fait ça. Malin, le Siggi.

Puis après avoir englouti son hot dog et bu son coca, il nous salue chaleureusement et nous laisse dans la boutique faire nos courses pour le soir tandis qu'il repart chez lui. Ah oui, les stations service font également épicerie en Islande. C'est bien pratique.

Un gag : au comptoir, une publicité invite les gens à venir "voir le Titanic" au musée de Flateyri, avec moultes photos d'archives et autres hameçons à touristes. Je demande à l'employée de m'en dire davantage sur cette exposition, m'attendant à voir une énième exhibition d'objets remontés du navire, telle que celle que j'avais vue à Chicago il y a des années. La dame me pointe de l'index un vieillard à casquette qui mange un sandwich à une table derrière.

"C'est lui le directeur du musée. Il a fait la maquette !!"

Et le papi d'acquiescer la bouche pleine. J'opine du chef à mon tour, le visage grave, censé mesurer l'ampleur de la tâche tout en étouffant mon éclat de rire à l'intérieur. Un vrai film.

 

 

En arrivant à Flateyri, nous avons bien vu cette vieille maison abandonnée sur le coteau. Il est maintenant l'heure de se mettre en mode UrbEx et d'aller lui rendre visite. Nous garons la voiture sur le chemin et on se demande si elle est vraiment inhabitée. Évidemment une fenêtre est cassée, mais les autres ont des rideaux en bon état, la porte est fermée... Chacun fait le tour pour trouver un point d'infiltration (c'est comme ça que ça s'appelle. Pas d'effraction, nous ne cassons jamais rien). Et là c'est le drame. Olivier ne s'embête pas : il passe par la fenêtre cassée. Moi par derrière. Il y a quatre murs de parpaings sans toit avec une ouverture pour une fenêtre, puis la porte arrière ouverte. Je passe par la fenêtre quand mon tibia choisit subitement d'éprouver la solidité de l'arête en parpaing. Parpaing 1, tibia 0. J'ai mal mais je continue. Il n'y a plus que cette maison abandonnée qui compte et mes photos. Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de minutes, en baissant mon regard, que je m'aperçois que mon pantalon est maculé de sang. Je relève la jambe et je vois le trou, qui continue de saigner jusque sur la chaussette.

Je finirai mon exploration en épongeant le sang. L'entaille est profonde, faudra bien que ça guérisse!

Nous repartons une heure plus tard (voir cette visite ici), j'ai pris le temps de me nettoyer et me changer. Je ne peux pas arriver en sang à la guesthouse. Sur la route, nous empruntons un tunnel sans fin qui traverse carrément la montagne de part en part. Une seule voie de circulation, mais des niches régulièrement creusées dans la roche sur la paroi de gauche pour que les voitures d'en face s'y logent et nous laissent passer. Nous avons la priorité dans ce sens apparemment. C'est marrant.

Plus surprenant : en plein milieu du tunnel, une intersection ! Une nouvelle route part sur la gauche c'est d'ailleurs celle-ci que nous devons prendre ! Ils sont fous ces Islandais !

 

SUÐUREYRI

 

Nous trouvons difficilement la guesthouse à Suðureyri bien que le village soit tout petit. Ah oui, l'alphabet islandais compte quelques lettres étranges, dont ce ð qui devient Ð en majuscule et se prononce comme le "th" anglais the "the". Accolé au "r" roulé, le nom du patelin en devient juste imprononçable, malgré des minutes d'entraînement dans la voiture !

A l'intérieur de la guesthouse, c'est grand luxe. Un grand Islandais costaud nous accueille d'une petit voix et d'une manière on ne peut plus courtoise. Il me fait penser à cet épicier en pleine forêt où Anna rencontre Kristoff dans La Reine des neiges. "Hallo, comment allez-vous? Pourrais-je vous demander de retirer vos chaussures avant de me suivre jusqu'à votre chambre, s'il vous plait? Oui?" Le même. On ricane avec Olive. Nous nous installons puis ressortons pour manger. Nos nouilles chinoises achetées plus tôt attendront plus tard.

Nous allons manger au pub du coin. Déco ultra bobo-vintage, très originale : des piles de journaux en guise de pieds de banquette, palettes transformées en étagères à mignonnettes derrière le comptoir, vraiment sympa. Ils vendent même des souvenirs, dont cette moufle fermée entre le petit doigt et le pouce pour permettre de tenir une bouteille de bière en pleine tempête de neige sans avoir à serrer les doigts autour!

Nous nous faisons la remarque que le patron derrière son comptoir nous fait lui aussi penser à cet épicier de Disney. Tiens, d'ailleurs voilà des clients. Notre rêve devient réalité : le gars joint ses mains, doigts croisés devant lui, se tient bien droit, comme le personnage dans le film, arbore son plus beau sourire et sort d'une voix sibylline qui jure avec sa carrure : "Hallo ! C'est pour manger ? Oui?"

Éclat de rire. On nous jette un regard surpris, mais pas méchant. L'épicier de Disney, lui, quand il s'énerve, c'est autre chose. Mais nous sommes vraiment étonnés de la justesse du personnage et du ton de la voix. Il y a eu de la recherche ! Ils sont vraiment comme ça, ici !

Repas simple et goûteux : soupe de poisson qui a plus goût de soupe à la crème et citron, mais néanmoins très bonne, puis sandwich de poisson, comme on ferait chez nous un sandwich de brandade de morue. Dit comme ça, ça doit faire autant envie qu'un filet de haddock séché avec une noisette de beurre, mais vraiment, c'était très bon aussi.

 

J4 hg2

 

Il est 1.16. J'arrête pour aujourd'hui. A l'extérieur, la lumière ne baissera pas plus. Je pourrais lire dehors. Un oiseau chante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 Notre Avis sur 5 

 ... qui n'engage que nous!

 

Cascade Dynjandi : 🤩🤩🤩

✅  Très belle cascade, très photogénique.

❌  Après, ça reste une cascade...

 

Sortie kayak dans le fjord : 🤩🤩🤩🤩🤩

✅  Hors des sentiers battus, activité géniale, hôte sympa, matériel et protections fournis. 60€/pers/2h

❌  Assez sportif sur la fin, car à contre-courant et contre le vent... et assez froid!

 

 

 

 

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Pourquoi "Ways and Days"?

Ways, c'est "chemins" en anglais. Et days, jours, bien sûr.

A travers ce blog, je partage ma double passion : la photographie et les voyages. Rien de bien extraordinaire, évidemment, mais ce ne sont pas de simples voyages "géographiques" qui me font parcourir des chemins aux quatre coins du monde, même si l'attrait est évident. Je fais également de la photo d'UrbEx, c'est à dire d'exploration urbaine, qui m'entraîne à découvrir des lieux abandonnés : capter le souvenir de cette vie passée, de cette agitation qui n'est plus, capturer les traces du temps, de ces jours, de ces années, envolés, le délabrement progressif des murs, des meubles, des objets oubliés, ces atmosphères pétrifiées, imaginer des vies souvent d'une autre époque, penser à ces âmes qui ont un jour parcouru ces lieux constitue pour moi autant de voyages temporels.

Chère lectrice, cher lecteur, tu trouveras une partie photos avec des galeries d'images, et aussi, si tu es plus intéressé(e), une partie carnets de voyage, ou tu pourras lire le récit au jour le jour de nos péripéties à l'étranger. Une dernière partie sera consacrée à l'UrbEx.

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